Vendredi, la juge Yvonne Gonzalez Rogers a émis une ordonnance restrictive dans l'affaire Epic contre Apple, imposant de nouvelles restrictions aux règles de l'App Store d'Apple et mettant fin à des mois d'âpres joutes juridiques.
Dans le cadre de la nouvelle injonction, Apple a une ordonnance restrictive permanente lui
« interdisant de défendre aux développeurs d'inclure dans leurs applications et leurs boutons de métadonnées, des liens externes ou d'autres appels à l'action qui dirigent les clients vers des mécanismes d'achat, en plus des achats intégrés et de la communication avec les clients via des points de contact obtenus volontairement de clients via l'enregistrement de compte dans l'application ».
En bref, les applications iOS doivent être autorisées à diriger les utilisateurs vers des options de paiement au-delà de celles proposées par Apple. L'injonction devrait prendre effet dans 90 jours – le 9 décembre – à moins d'une décision différente par une juridiction supérieure. Il est probable que d’ici là, la grande enseigne de l’électronique grand public fasse appel pour contester les conclusions du jugement. Les commissions que collecte Apple avec son système in-app sont une source de revenus pour le groupe, car elles atteignent 15 ou 30 % de la valeur de l’achat.
Dans un jugement distinct, le tribunal a affirmé qu'Epic Games avait violé son contrat avec Apple lorsqu'il a mis en œuvre le système de paiement alternatif dans l'application Fortnite. En conséquence, Epic doit payer à Apple 30% de tous les revenus collectés via le système depuis sa mise en œuvre, soit une somme de plus de 3,5 millions de dollars.
La capitalisation d'Apple
Suite à cette victoire d'Epic, les répercussions n'ont pas tardé à se faire ressentir : vendredi, les actions d'Apple Inc. ont subi leur plus forte baisse depuis des mois. L'action a chuté de 3,3%, sa plus forte baisse depuis le 4 mai, faisant chuter d'environ 85 milliards de dollars la capitalisation boursière du fabricant d'iPhone. Il suffit de regarder le cours de l'action d'Apple pour remarquer cette courbe abrupte.
La décision de vendredi a donné à Apple sa première baisse hebdomadaire en trois semaines.
Les analystes ont déclaré que même si la décision avait le potentiel de grignoter les revenus des services d'Apple, un important moteur de croissance ces dernières années, les effets du contrecoup n'étaient toujours pas clair, seraient espacés dans le temps et ne représenteraient qu'une petite fraction du revenu global.
« En fin de compte, je m'attends à ce que cela fasse diminuer de 2% au plus le chiffre d'affaires global d'Apple et de 4% ses bénéfices », a déclaré Gene Munster, associé directeur de la société de capital-risque centrée sur la technologie Loup Ventures. « Après la première année de ces changements, les taux de croissance des magasins d'applications reviendront à la normale. En fin de compte, l'influence va être limitée à un an au maximum et ne va pas changer la vision d'ensemble de l'orientation d'Apple au cours des 5 prochaines années ».
Les analystes de Wedbush ont également estimé que dans le pire des cas, Apple perdrait environ 3% de ses revenus totaux et se rapprocherait d'environ 1% de pertes dans les revenus et bénéfices au cours des prochaines années, étant donné qu'une grande majorité de consommateurs continuera à utiliser le App Store pour les achats intégrés.
Epic fait appel de la décision
En substance, Epic semble avoir obtenu ce qu’il voulait : la possibilité de proposer son système de paiement pour éviter les 30 % de commission prélevé par Apple. Pourtant, dimanche le 12 septembre, Epic a déclaré dans un dossier juridique qu'il faisait appel de cette décision.
En fait, Apple ne peut plus restreindre les propriétaires d’iPhone à utiliser son système de paiement (ce qui pourrait porter un coup dur au modèle économique de l’App Store), mais les accusations de comportement monopolistique et anticoncurrentiel n’ont pas été retenues par la justice. De plus, Epic a aussi été condamné à payer des dommages et intérêts à Apple pour avoir imposé son système de paiement dans la version iOS de Fortnite.
Epic Games est toujours banni du magasin d’app et selon la décision de justice, Apple a tout à fait le droit de garder l’éditeur de jeu loin de sa plateforme. Epic s’est donc battu pour le droit des autres développeurs à proposer des systèmes de paiement alternatifs, mais ne pourra pas en profiter lui-même.
Le rêve de Tim Sweeney en lançant ce procès était de briser le contrôle d'Apple sur les logiciels sur iOS. Cela ne s'est pas produit, et tant que la décision est valable en appel, le contrôle d'Apple sur iOS semble plus solide que jamais. Selon les règles de l'injonction, la seule façon pour Sweeney de nuire à Apple est que les développeurs décident de proposer aux utilisateurs d'utiliser leur système de paiement et priver ainsi Apple de sa commission.
Apple est particulièrement dépendant de gros développeurs comme Epic, qui ont suffisamment de bénéfices pour payer des taux de commission de 30% et générer l'essentiel des revenus de l'App Store. Surtout, l'injonction du tribunal ne se limite pas aux jeux ou aux paiements in-app, donc on ne sait pas quelle part de la base de développeurs quittera le système de paiement d'Apple. Si cela venait à se produire, Apple pourrait être contraint d'abandonner définitivement le système de commission.
Jusqu'à présent, ce cas de figure ne semble pas se dessiner. Déjà parce que la décision ne concerne que l'App Store américain, ensuite parce que, selon un sondage, la réponse de la plupart des développeurs a été évasive, et certains semblent déjà penser qu'il n'aurait aucun sens pour eux d'effectuer des paiements en dehors du système Apple. Mais avec les changements réels qui pourraient être appliqués dans des mois (et dont la décision sera d'ailleurs débattue à nouveau en appel), il est logique que les développeurs attendent et voient si le nouveau système vaut la peine d'être poursuivi. Mais après les nombreuses possibilités ouvertes vendredi, il semble difficile de croire qu'aucun d'entre eux ne sera intéressé à explorer leurs options.
Source : Appel Epic
Et vous ?
Que pensez-vous des avis des analystes qui estiment que même si la décision a le potentiel de grignoter les revenus des services d'Apple, cela ne représenterait qu'une petite fraction du revenu global (2% selon Gene Munster, 3% dans le pire des cas au début puis 1% au cours des prochaines années selon les analystes de Wedbush) ?
L'appel d'Epic vous semble-t-il justifier ? Dans quelle mesure ?
Voir aussi :
Apple enregistre un chiffre d'affaires record de 89,6 Md$ au 2T21, soit une hausse de 54 % d'une année à l'autre, mais reste tout de même vigilant quant à la pénurie de puces
Xiaomi dépasse Apple en tant que deuxième fournisseur de smartphones pour la première fois, selon un nouveau rapport de Canalys
Apple est la cible d'une attaque par ransomware de 50 millions de dollars de la part d'un groupe de pirates russes qui affirme avoir piraté et volé des plans de nouveaux produits
Procès Epic : Apple perd 85 milliards de dollars en capitalisation boursière suite à une décision de justice
Le contraignant à ne plus forcer les développeurs à utiliser son système de paiement
Procès Epic : Apple perd 85 milliards de dollars en capitalisation boursière suite à une décision de justice
Le contraignant à ne plus forcer les développeurs à utiliser son système de paiement
Le , par Stéphane le calme
Une erreur dans cette actualité ? Signalez-nous-la !