Apple a annoncé récemment la prise en charge du chargement latéral et des boutiques d'applications tierces pour les utilisateurs en Europe. Ces changements historiques entrent dans le cadre des efforts d'Apple pour se conformer à la loi européenne sur les marchés numériques (DMA). Seulement, Apple n'a pas fait que cela. L'entreprise a également profité de l'occasion pour réviser sa politique sur les commissions, introduisant de nouveaux frais pour les développeurs européens. Cela a attisé l'ire de la communauté et la liste des dirigeants qui ne sont pas enchantés par ces nouvelles politiques ne cesse de s'allonger.
Vendredi, le PDG de Spotify, Daniel Ek, a publié un billet sur X (ex-Twitter) dans lequel il fait part de son opposition ferme aux nouvelles politiques d'Apple. Il a déclaré que les changements apportés par Apple représentent "un nouveau coup bas". Cette déclaration est intervenue après que Spotify a publié un communiqué reprochant au fabricant de l'iPhone d'agir comme s'il ne pensait pas que les règles s'appliquaient à lui. Spotify a déclaré que les nouvelles règles montrent qu'Apple ne recule devant rien pour protéger ses profits. Il a appelé les autorités à intervenir pour interdire les nouveaux frais.
Daniel Ek pense que la plupart des développeurs d'applications ne seront pas en mesure d'adopter les nouvelles conditions d'Apple. En effet, le fabricant de l'iPhone a annoncé qu'il va autoriser pour la première fois les développeurs à créer et à distribuer des applications par l'intermédiaire de boutiques d'applications après le lancement d'iOS 17.4. Ces changements ne prendront effet que dans l'Union européenne. Cela peut sembler une victoire pour les développeurs, car cela ouvrira davantage de canaux de distribution, mais ils se plaignent du fait qu'Apple a mis en place une nouvelle stratégie pour les ponctionner.After sitting with our legal team to parse through the fine print of Apple's DMA announcement (that took a while), which is, at best vague and misleading, I wanted to share my thoughts.
— Daniel Ek (@eldsjal) January 26, 2024
While Apple has behaved badly for years, what they did yesterday represents a new low, even…
Apple conservera non seulement le contrôle des places de marché tierces qui seront intégrées à son système, mais l'entreprise facturera également des frais pour les téléchargements effectués sur ces boutiques d'applications tierces. Les frais s'élèvent à 0,50 euro par installation et par an (après 1 million d'installations). Selon Daniel Ek, cela constitue une extorsion. Il a déclaré que Spotify se trouve dans une "situation intenable". Avec les nouvelles règles d'Apple, Spotify devrait payer 0,50 euro par utilisateur, ainsi qu'une commission de 17 %, ce qui est identique, voire pire, qu'avec les anciennes règles.
Daniel Ek affirme qu'une offre alternative sur l'App Store pourrait potentiellement décupler les coûts d'acquisition de clients en raison de la nécessité de payer la commission même pour les non-abonnés. « Si nous parvenions à retirer notre application de l'App Store et à n'exister que dans un magasin d'applications tiers, cela ne fonctionnerait toujours pas. Avec une base d'installation Apple dans l'UE de l'ordre de 100 millions d'utilisateurs, cette nouvelle taxe sur les téléchargements et les mises à jour pourrait faire grimper en flèche nos coûts d'acquisition de clients, en les décuplant potentiellement », a-t-il déclaré.
Il ajoute : « En effet, nous devons payer pour chaque installation ou mise à jour de notre application gratuite ou payante, même pour ceux qui n'utilisent plus le service ». L'entrepreneur estime qu'Apple force les développeurs (y compris les entreprises avec un énorme chiffre d'affaires comme Spotify) à rester dans le statu quo, ce qui va à l'encontre de l'objectif du DMA. L'avenir que Spotify a esquissé en début de semaine, promettant une meilleure expérience pour les utilisateurs dans l'UE, est "moins clair". Daniel Ek appelle les commissaires européens à rejeter le "mépris flagrant" d'Apple pour le DMA.
D'un autre côté, Daniel Ek fait également l'objet de controverses de la part de certains critiques. « Daniel Ek a peut-être raison de dire que ce que fait Apple est discutable, voire illégal. Cela dit, il n'est absolument pas la bonne personne pour faire valoir ce point de vue. Spotify a été publiquement critiqué par des musiciens qui affirment que l'entreprise rend presque impossible pour les musiciens qui ne sont pas des superstars de vivre de leur art. En formulant la même plainte contre le traitement réservé par Apple aux développeurs d'applications, la réputation du messager a peut-être noyé le message », note un critique.
« C'est une leçon que tout chef d'entreprise ou entrepreneur devrait prendre en compte avant de partager une opinion dans un forum public. Il estime que Spotify lui-même est confronté à une situation intenable. C'est une belle ironie, car c'est exactement ce qu'un grand nombre de musiciens ont dit à propos de Spotify. Comme la plupart des musiciens sont payés moins d'un demi-centime pour chaque flux de leurs chansons, il faudrait environ 360 000 flux par mois pour gagner le salaire minimum. Entre-temps, les services de streaming en général ont détruit le marché des ventes d'albums », a ajouté le critique.
Spotify a déclaré que cette redevance pénalisera probablement les développeurs, les startups potentielles et ceux qui proposent des applications gratuites et qui n'ont peut-être pas les moyens de payer Apple, en particulier si leur application devient soudainement virale. Pour sa part, Apple a déclaré dans un communiqué la semaine dernière qu'il cherche à soutenir les développeurs. L'entreprise a indiqué qu'elle était heureuse de soutenir le succès de tous les développeurs et qu'en vertu des nouvelles conditions commerciales, plus de 99 % des développeurs paieront le même montant, voire moins, à Apple :
« Nous sommes heureux de contribuer à la réussite de tous les développeurs, y compris Spotify, qui possède l'application de diffusion de musique en continu la plus populaire au monde. Les changements que nous proposons pour les applications dans l'Union européenne donnent aux développeurs le choix, avec de nouvelles options pour distribuer les applications iOS et traiter les paiements. Chaque développeur peut choisir de conserver les mêmes conditions que celles en vigueur aujourd'hui. Et selon les nouvelles conditions, plus de 99 % des développeurs paieraient le même montant, voire moins, à Apple ».
Après qu'Apple a annoncé ces nouvelles politiques, le PDG d'Epic Games, Tim Sweeney, un autre grand critique du fabricant de l'iPhone, a partagé des idées similaires à celui de Daniel Ek. Pour Sweeney, les modifications apportées à l'App Store constituaient un "nouvel exemple de conformité malveillante" visant à contrecarrer le DMA. Epic Games a déclaré que Fortnite reviendrait sur iOS cette année par le biais de sa propre boutique d'application Epic Games prévue sur l'iPhone. Mais l'entreprise a ajouté qu'elle continuerait à faire valoir auprès des tribunaux et des autorités de régulation qu'Apple enfreint la loi.
Source : Daniel Ek, PDG de Spotify
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Les régulateurs européens peuvent-ils intervenir dans cette nouvelle affaire qui oppose Apple aux développeurs ?
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