
Les politiques migratoires restrictives de l’administration Trump se heurtent à un nouvel obstacle avec l’apparition de l'application ICEBlock. Elle permet à ses utilisateurs de partager de façon anonyme l'emplacement des agents des services de l'immigration et des douanes (ICE) du pays. Elle est devenue l'une des applications les plus téléchargées de l'App Store aux États-Unis après avoir été critiquée par l'administration Trump et d'autres autorités fédérales. Selon les critiques, ICEBlock encourage activement les gens à éviter les activités et les opérations des forces de l'ordre, tout en mettant en danger la vie des agents des services d'immigration et des douanes.
ICEBlock est une application iOS qui alerte les utilisateurs sur les activités des services de l'immigration et des douanes (ICE) des États-Unis. L'application permet aux utilisateurs de télécharger des observations d'activités de l'ICE. Ils peuvent localiser l'endroit sur une carte et fournir des informations supplémentaires sur ce qu'ils ont vu. Les autres utilisateurs, dans un rayon de 8 km, devraient alors recevoir une notification push les informant de l'observation.
Des mesures ont également été mises en place pour empêcher les campagnes de spamming. Les utilisateurs ne peuvent signaler une observation dans un rayon de 8 km autour de leur position qu'une fois toutes les cinq minutes. Les signalements se feraient de manière anonyme. Le site Web de l'application précise que ICEBlock ne stocke aucune information personnelle, « ce qui rend impossible la traçabilité des signalements jusqu'aux utilisateurs individuels.
ICEBlock a été lancé en avril 2025 en réponse aux efforts de déportation massive du président Donald Trump à travers le pays. Selon le développeur, Joshua Aaron, ICEBlock compte aujourd'hui plus de 241 000 utilisateurs, principalement situés à Los Angeles, où de nombreux raids de l'ICE sont menés.
« ICEBlock est 100 % anonyme et gratuite pour tous ceux qui veulent l'utiliser. Nous ne collectons pas de données sur les utilisateurs. Nous ne capturons même pas les données des utilisateurs. C'est extrêmement important », explique Joshua Aaron. En tant que telle, l'application n'est pas disponible sur Android, car elle nécessite un identifiant d'appareil afin d'envoyer des notifications push, ce qui nécessite d'avoir un compte d'utilisateur et un mot de passe.
ICEBlock a connu une ascension brusque après des critiques de l'administration Trump. Le 31 juin, la secrétaire à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, a réagi à une couverture médiatique de CNN sur ICEBlock dans un message publié sur X (ex-Twitter), qualifiant l'application « d'obstruction à la justice ». À la suite de ce commentaire, ICEBlock a gagné en popularité du jour au lendemain, se hissant brièvement en tête des téléchargements de l'App Store américain.
ICEBlock accusée de mettre en danger la vie des forces de l'ordre
Dans une conversation avec TIME, Joshua Aaron a décrit l(application comme une initiative locale menée par la communauté. « Quand j'ai vu ce qui se passait dans ce pays, j'ai vraiment senti que je devais faire quelque chose », explique Joshua Aaron, faisant référence aux raids de l'ICE qui ont eu lieu après le retour de Donald Trump à la Maison Blanche. En juin, plus de 100 000 personnes auraient été arrêtées par l'ICE au cours du second mandat de Trump.
« Ces dernières années, l'ICE a fait l'objet de critiques pour des violations présumées des droits civils et des manquements aux principes constitutionnels et aux procédures régulières, ce qui fait qu'il est crucial pour les communautés de rester informées de ses opérations », indique le site Web de l'application.
Le 1er juin, Kristi Noem a déclaré qu'elle va collaborer avec le ministère de la Justice afin de déterminer si l'administration Trump pourrait « poursuivre » CNN pour son reportage sur ICEBlock : « ce qu'ils font, c'est encourager activement les gens à éviter les activités et les opérations des forces de l'ordre ». Le directeur par intérim de l'ICE, Todd Lyons, a également affirmé que « le reportage de CNN mettait délibérément en danger la vie des agents ».
La procureur générale des États-Unis, Pam Bondi, a déclaré que le gouvernement poursuivrait Joshua Aaron. « Il fait savoir aux criminels où se trouvent nos agents fédéraux. Nous l'examinons, nous l'examinons, et il ferait mieux de se méfier, car ce n'est pas un discours protégé. C'est une menace pour la vie de nos forces de l'ordre dans tout le pays », a-t-elle déclaré. Joshua Aaron demande à ses utilisateurs d'utiliser l'application à bon escient.
Selon CNN, un message dans ICEBlock avertit que « la plateforme ne doit pas être utilisée dans le but d'inciter à la violence ou d'entraver l'application de la loi ». Les menaces de l'équipe Trump semblent avoir renforcé l'intérêt pour ICEBlock, qui a depuis vu apparaître des contrefaçons sur le Google Play Store. ICEBlock est actuellement la troisième application iOS gratuite la plus téléchargée aux États-Unis, après les applications Love Island et ChatGPT.
Des experts juridiques affirment que l'application n'a rien d'illégal
Interrogée sur ICEBlock, la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a déclaré : « il semble évident que cela pourrait inciter à davantage de violence à l'encontre de nos agents de l'ICE. On constate une augmentation de 500 % des actes de violence contre les agents de l'ICE, des agents des forces de l'ordre à travers le pays qui essaient simplement de faire leur travail et d'éliminer les menaces pour la sécurité publique dans nos communautés ».
Le 20 juin, le département de la Sécurité intérieure a publié un communiqué de presse citant cette augmentation supposée de 500 %, mais le lien vers cette statistique renvoie les utilisateurs vers un article de Breitbart qui se contente de citer le ministère de la Sécurité intérieure (DHS) sans fournir de détails approfondis pour étayer ce chiffre. Contrairement à Pam Bondi, d'autres experts juridiques affirment qu'ICEBlock relève de la liberté d'expression.
« Il s'agit là d'un principe fondamental et incontestable du premier amendement. Il est donc assez choquant de voir des agents fédéraux suggérer qu'il y a matière à enquête dans cette affaire », explique Alex Abdo, directeur du contentieux au Knight First Amendment Institute de l'université Columbia.
« L'ICE et l'administration Trump ont la fausse impression que les forces de l'ordre aux États-Unis ont le droit d'opérer en secret », déclare Seth Stern, directeur du plaidoyer à la Freedom of the Press Foundation. Seth Stern cite comme exemples de cette « fausse impression » le fait que les agents de l'ICE portent des masques lorsqu'ils opèrent en public et les accusations portées par l'administration Trump contre les médias et les journalistes qui couvrent l'ICE.
Joshua Aaron précise que « son application vise à informer, et non à entraver ». Il décrit une interaction potentielle avec l'utilisateur comme quelqu'un qui se promène dans son quartier et reçoit une alerte sur son téléphone indiquant que l'ICE a été repérée à quelques pâtés de maisons, avec des instructions pour rentrer chez lui en toute sécurité. En appuyant sur le bouton « plus » de l'application ICEBlock, n'importe qui peut signaler une nouvelle observation.
Conclusion
ICEBlock de Joshua Aaron s'inscrit dans une tendance plus large qui voit les gens utiliser les réseaux sociaux et les applications pour résister à l'intensification des arrestations d'immigrants par l'administration Trump. Début juin, alors que les manifestations commençaient à prendre de l'ampleur à Los Angeles, plusieurs groupes locaux ont diffusé des alertes d'urgence aux habitants de la ville alors que des raids de l'ICE avaient lieu dans toute la ville.
ICEBlock n'est actuellement disponible que sur iPhone. Sur la base de ses interactions passées avec Apple lors du processus d'approbation d'ICEBlock, Joshua Aaron est convaincu qu'elle restera disponible dans l'App Store. « Ils l'ont déjà examinée. C'est pourquoi ils l'ont approuvée », a déclaré Joshua Aaron.
Le développeur affirme également qu'ICEBlock n'aura jamais de publicités ni de bouton demandant des dons. Pour lui, la simplicité de l'interface de l'application est un choix délibéré. « Il s'agit littéralement d'un système d'alerte précoce. Alors, que voulez-vous voir apparaître dans ce système d'alerte précoce ? À part dire : "hé, quelque chose arrive dans un rayon de 8 km autour de vous. Foutez le camp" », explique-t-il à propos de son application.
Les partisans de Trump et les influenceurs de droite ont également commencé à interagir avec l'application, certains d'entre eux affirmant qu'ils « inondent » ICEBlock de faux signalements afin de noyer les véritables observations. Pour l'instant, l'on ignore l'impact de ce sabotage sur la fiabilité de l'application.
Source : ICEBlock
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