Apple et Issey Miyake ont collaboré pour créer l'iPhone Pocket, une housse en tissu en édition limitée qui brouille la frontière entre accessoire technologique et expérience mode. Fabriquée à l'aide d'un procédé de tricotage 3D inspiré des motifs plissés de Miyake, elle est conçue pour s'adapter à tous les iPhone et autres petits objets. Mais son prix a fait sourciller.La version à bandoulière courte coûte la modique somme de 159,95 €, tandis que la version à bandoulière longue est vendue 249,95 €. Apple la décrit comme « un morceau de tissu », ce qui n'a fait qu'alimenter le débat en ligne sur les prix luxueux et le minimalisme. L'iPhone Pocket sera disponible à partir du 14 novembre sur apple.com et dans certains Apple Stores au Japon, en France, au Royaume-Uni, aux États-Unis et dans d'autres régions.
Avec l’iPhone Pocket, Apple renoue avec une tradition discrète mais constante : celle d’absorber des codes issus du design, du textile et du luxe pour proposer des accessoires qui dépassent la simple fonction utilitaire. Conçu en collaboration avec la maison japonaise Issey Miyake, l’objet se présente comme une petite pochette entièrement tricotée en 3D, capable d’accueillir n’importe quel modèle d’iPhone, quelques cartes et éventuellement un petit accessoire personnel.
L’esthétique, comme souvent chez Issey Miyake, repose sur le concept « A-POC » – A Piece of Cloth – dont les créations sont issues d’un seul tube de tissu, sans couture apparente. Apple s’aligne sur cette philosophie : un produit minimaliste, pensé comme un prolongement du corps plutôt qu’un simple étui.
Une description volontairement dépouillée
Dans ses propres communiqués, Apple insiste : l’iPhone Pocket est « inspiré par l’idée d’un morceau de tissu ». Le message semble clair : simplicité, texture, légèreté. L’objet dévoile partiellement la silhouette du téléphone lorsqu’il est inséré, offrant un rendu presque translucide selon l’étirement du textile. L’usage n’est pas de protéger, mais de porter. L’accessoire s’adresse avant tout à celles et ceux qui souhaitent afficher leur iPhone comme un élément de style, à la manière d’un sac miniature ou d’un bijou utilitaire.
Les utilisateurs peuvent créer leur propre combinaison de couleurs personnalisées avec l’iPhone Pocket et l’iPhone.
Deux versions, un positionnement premium assumé
Apple décline l’iPhone Pocket en deux modèles, chacun pensé pour un usage différent. La première version, équipée d’une sangle courte, se porte à la main ou autour du poignet. La seconde, dotée d’une longue bandoulière, permet un port crossbody, plus proche des micro-sacs des marques de luxe. La gamme de couleurs, très vive, rappelle les collections textiles d’Issey Miyake : mandarine, citron, rose, violet, peacock, bleu saphir, cannelle, noir…
Cette esthétique affirmée se double d’un choix tarifaire sans ambiguïté. La version la plus simple dépasse 159 €, tandis que la plus élaborée grimpe à près de 250 €. Pour un accessoire qui reste – matériellement – un tube de tissu en tricot technique, le débat est inévitable.
Comme souvent avec les produits Apple à forte dimension lifestyle, la réception a oscillé entre admiration et incompréhension. Certains soulignent le design impeccable, la qualité textile et la logique d’une collaboration avec une maison emblématique. D’autres voient dans cet objet un symbole d’excès, voire de déconnexion.
Sur les réseaux sociaux, les commentaires ironiques n’ont pas tardé. Le terme « chaussette à iPhone » est revenu à de multiples reprises, rappelant d’ailleurs l'accessoire Apple Socks de 2004, qui avait déjà fait sourire. Quelques internautes affirment qu’un équivalent pourrait être tricoté pour 5 € à la maison. Certains médias, plus tranchants, qualifient le produit de « test de fidélité » destiné à mesurer jusqu’où les fans d’Apple sont prêts à aller dans la défense de la marque.
Apple franchit-il la limite entre design et gadget ?
L’iPhone Pocket ouvre une véritable question sur la stratégie d’Apple. L’entreprise ne cherche plus seulement à proposer de l’innovation technologique, mais à s’intégrer dans l'univers de la mode haut de gamme. On peut considérer cela comme une extension logique de son identité : après tout, Apple soigne depuis longtemps le design, l’esthétique et la matérialité de ses produits bien plus que nombre d’acteurs du secteur. Pourtant, cette démarche soulève un certain nombre de points critiques.
D’abord, le rapport entre la fonctionnalité réelle du produit et son prix crée une tension difficile à ignorer. L’iPhone Pocket ne protège réellement ni des chutes ni des chocs. Il n’ajoute aucune fonctionnalité numérique. Il ne propose pas d’innovation technique particulière, en dehors du tricot 3D, déjà utilisé dans plusieurs industries.
Ensuite, Apple semble capitaliser sur son aura pour transformer des objets très simples en produits premium. Certains y voient de la créativité : d’autres, une normalisation de la sur-valorisation. Cette stratégie risque, à terme, d’amener Apple dans un territoire où certains consommateurs fidèles se sentiront délaissés ou moqués.
Enfin, on peut se demander si l’entreprise n’expérimente pas une forme de minimalisme extrême : celui où l’on vend le « presque rien » au prix du « quelque chose ». Dans un contexte économique marqué par les tensions sur le pouvoir d’achat, ce type de produit peut être perçu comme déconnecté, voire indécent.
Un accessoire minimaliste face à une décennie de collaborations mode-tech
L’iPhone Pocket d’Apple arrive dans un paysage déjà largement exploré : celui des objets hybrides où la mode rencontre la technologie. Depuis une dizaine d’années, les grandes marques – de Google à Samsung en passant par Louis Vuitton ou Prada – expérimentent des accessoires mêlant textile, électronique, design et storytelling. Pourtant, Apple choisit une approche radicalement différente : aucune technologie ajoutée, pas d’écran secondaire, aucun capteur, pas même...
La fin de cet article est réservée aux abonnés. Soutenez le Club Developpez.com en prenant un abonnement pour que nous puissions continuer à vous proposer des publications.
