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Malgré le Digital Markets Act, Apple empêche de facto l'arrivée de navigateurs tiers sur iOS : le défenseur du numérique OWA dénonce une ouverture de façade qui protège WebKit et étouffe la concurrence

Le , par Stéphane le calme

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Malgré le Digital Markets Act, Apple verrouille toujours iOS : le défenseur du numérique OWA dénonce une ouverture de façade
qui protège son moteur WebKit et étouffe la concurrence

Le seul moteur de rendu auquel les utilisateurs du système d’exploitation iOS dédié aux plateformes mobiles d’Apple est WebKit. Apple justifie son positionnement par la nécessité d’assurer la sécurité des utilisateurs. La situation perdure malgré l'entrée en vigueur de la loi sur les marchés numériques (DMA) de l'Union Européenne, qui vise à promouvoir une concurrence loyale dans l'espace numérique : l'organisation à but non lucratif Open Web Advocacy (OWA) affirme qu'Apple maintient son interdiction de facto des moteurs de navigateur tiers sur iOS tout en faisant mine de se plier au DMA. Cette persistance soulève des questions importantes sur l'efficacité de la DMA et les motivations sous-jacentes d'Apple.

En mars 2024, l’Union européenne activait le Digital Markets Act (DMA), un règlement ambitieux destiné à freiner les abus de position dominante des grandes plateformes numériques, désignées sous le terme de gatekeepers. Parmi les obligations imposées, il est indiqué que les gatekeepers doivent permettre aux utilisateurs de désinstaller les applications qui sont préinstallées sur leurs smartphones, leur laisser la possibilité de choisir leurs services par défaut (moteurs de recherche, navigateurs) et leur magasin d’application.

Porté sur l'écosystème iOS, cela revient à permettre aux développeurs de proposer des navigateurs avec leur propre moteur de rendu, en mettant fin à l’obligation d’utiliser WebKit, le moteur d’Apple. Il faut rappeler que, jusqu’ici, tous les navigateurs sur iOS (qu’ils soient signés Apple, Google ou Mozilla) étaient contraints d’utiliser WebKit, rendant impossible toute concurrence réelle sur les performances ou les capacités du navigateur. Le DMA entendait remédier à cette anomalie structurelle du marché mobile.

Open Web Advocacy démonte l'argument avancé par Apple avant la DMA : la sécurité

En juin 2024, un groupe d’ingénieurs logiciels a décidé de monter au créneau au travers de l’Open Web Advocacy (OWA) pour démonter l’argumentaire d’Apple. Les analyses d’une firme externe recrutée par l'autorité de la concurrence britannique et mises en avant par l’OWA suggèrent que l’ouverture à Blink et Gecko ne pose pas de problème de sécurité. La manœuvre est destinée à éclairer les législateurs sur les aspects anticoncurrentiels de la technologie web.

« Grosso modo, les éléments techniques à disposition ne justifient pas qu’Apple impose WebKit pour des raisons de sécurité. Nous y voyons un moyen pour Apple de glaner des retombées financières au travers de l’affaiblissement de la concurrence », lance Open Web Advocacy. En effet, Safari permet à l’entreprise de s’assurer une quinzaine de milliards de revenus au travers du moteur de recherche Google.

Le régulateur de l'UE accuse de même Apple de restreindre l'accès de ses rivaux à la technologie de paiement sans contact NFC sur iPhone. L’enquête est ouverte depuis juin 2020 et concerne les pratiques anticoncurrentielles d’Apple pour ce qui est des règles en vigueur sur l’App Store et Apple Pay. La Commission de l’UE est revenue de façon spécifique sur le cas Apple Pay dans sa communication des griefs à l’endroit de l’entreprise américaine et l’a informée qu’elle estime, à titre préliminaire, qu’elle abuse de sa position dominante sur le marché des portefeuilles mobiles sur les appareils iOS en limitant restreignant l’accès de ses rivaux à la technologie de paiement sans contact NFC.

Apple met en avant l’argument sécurité des utilisateurs comme justificatif de la fermeture de son écosystème à des acteurs tiers. La situation est telle que l’entreprise a désormais à dos une coalition pour la défense de la liberté de choix et la concurrence loyale sur l’App Store – la Coalition for App Fairness.

Open Web Advocacy a alors pris contact avec de nombreux régulateurs, notamment dans l'UE, au Royaume-Uni, au Japon, en Australie et aux États-Unis. Sa principale préoccupation est la règle d'Apple interdisant les moteurs de navigateur tiers dans iOS, ce qui fixe « un plafond à la concurrence des navigateurs et des applications web ».

OWA indique alors s'être longuement entretenus avec la CMA britannique et l'UE sur ce sujet et, à sa grande satisfaction, un texte spécifique a été ajouté à la loi sur les marchés numériques de l'UE, interdisant explicitement l'interdiction des moteurs de navigateur tiers et précisant que l'objectif était d'empêcher les gardiens de déterminer les performances, la stabilité et la fonctionnalité des navigateurs tiers et des applications web qu'ils alimentent.

Le premier groupe de gardiens désignés (Apple, Google, Meta, Amazon, ByteDance et Microsoft) devait se conformer à la loi sur les marchés numériques au plus tard le 7 mars 2024.

Apple cède... mais sans s’ouvrir

Avec la mise à jour iOS 17.4 sortie le 5 mars 2024, Apple s’est conformée, du moins en apparence, aux exigences du DMA. Les développeurs européens peuvent désormais, en théorie, soumettre des navigateurs utilisant des moteurs alternatifs, comme Blink (Chrome) ou Gecko (Firefox).

Cependant, plus d'un an après cette « évolution », aucun navigateur indépendant ne semble avoir franchi le cap. Ni Chrome ni Firefox ne proposent aujourd’hui de version basée sur leur propre moteur sur iOS européen. Pourquoi ? Parce qu’Apple a mis en place une série d’obstacles techniques, géographiques et administratifs qui rendent cette option presque inopérante. Une stratégie de verrouillage subtil, mais redoutablement efficace.

Dans un billet, Open Web Advocacy a dénoncé la situation :

La mise en conformité d'Apple n'a pas bien commencé. Face à la possibilité réelle que des navigateurs tiers alimentent effectivement les applications web, le premier réflexe d'Apple a été de supprimer entièrement la prise en charge des applications web dans iOS, sans en avertir ni les entreprises ni les consommateurs. Sous notre pression et celle de la Commission, Apple a annulé son plan de sabotage des applications web dans l'UE.

Google et Mozilla ont commencé à porter leurs moteurs de navigation Blink et Gecko respectivement sur iOS. Les autres fournisseurs de navigateurs dépendent de ces portages pour intégrer leurs propres moteurs à leurs navigateurs sur iOS, car leurs produits sont généralement des soft forks (copies avec modifications) de Blink ou de Gecko.

Toutefois, le contrat d'Apple et les restrictions techniques ont posé d'importants problèmes qui ont rendu le portage des moteurs de navigateur sur iOS « aussi pénible que possible » pour les fournisseurs de navigateurs.
Et de signaler qu'Apple joue les étonnées :

Citation Envoyé par Open Web Advocacy
Lors du récent atelier organisé dans le cadre de la loi sur les marchés numériques (DMA), Apple a affirmé ne pas savoir pourquoi aucun fournisseur de navigateur n'a porté son moteur sur iOS au cours des 15 derniers mois. En réalité, Apple sait exactement quels sont les obstacles et a choisi de ne pas les éliminer.

Safari est le produit à plus forte marge qu'Apple ait jamais fabriqué, il représente 14 à 16 % du bénéfice d'exploitation annuel d'Apple et rapporte 20 milliards de dollars par an en revenus de moteur de recherche de Google. Pour chaque 1% de part de marché du navigateur qu'Apple perd pour Safari, Apple devrait perdre 200 millions de dollars de revenus par an.

Veiller à ce que les autres navigateurs ne soient pas en mesure d'exercer une concurrence loyale est essentiel pour la meilleure et la plus facile des sources de revenus d'Apple, et permet à Apple de conserver un contrôle total sur les capacités maximales des applications web, en limitant leurs performances et leur utilité pour les empêcher de rivaliser de manière significative avec les applications natives distribuées par l'intermédiaire de son magasin d'applications. Les consommateurs et les développeurs (natifs ou web) souffrent alors d'un manque de concurrence.

Cette interdiction des moteurs de navigation est propre à Apple et aucun autre gardien n'impose une telle restriction. Tant qu'Apple n'aura pas levé ces barrières, il ne sera pas en conformité effective avec le DMA.

Des barrières invisibles, mais infranchissables

Selon l’organisation OWA, les conditions imposées par Apple rendent l’utilisation de moteurs alternatifs pratiquement impossible.

L'un des obstacles majeurs identifiés par OWA est l'exigence d'Apple pour les fournisseurs de navigateurs de créer des applications entièrement nouvelles s'ils souhaitent utiliser leurs propres moteurs. Cela signifie que ces fournisseurs devraient abandonner tous leurs utilisateurs existants dans l'UE et repartir de zéro, un impératif qui détruit le modèle économique de l'intégration d'un moteur tiers sur iOS. Ces exigences techniques, combinées à d'autres restrictions, dissuadent efficacement toute tentative de concurrence sérieuse.

Apple est parfaitement au courant de ces obstacles depuis au moins juin 2024, date à laquelle nous les avons décrits en détail. De nombreux fournisseurs de navigateurs ont également discuté de ces mêmes problèmes avec Apple directement. L'idée qu'Apple n'est pas au courant des problèmes n'est pas seulement ridicule, elle est manifestement fausse. Apple sait exactement quels sont les problèmes. Elle refuse simplement de les résoudre.

Les obstacles les plus importants qui continuent de bloquer les moteurs tiers sur iOS sont les suivants :
  • La perte des utilisateurs européens existants : Apple oblige les fournisseurs de navigateurs à créer des applications entièrement nouvelles pour utiliser leur propre moteur, ce qui signifie qu'ils doivent abandonner tous les utilisateurs européens actuels et repartir de zéro.
  • Tests pour les développeurs web : Apple autorise les développeurs d'applications natives en dehors de l'UE à tester les fonctionnalités spécifiques à l'UE, mais n'offre rien d'équivalent aux développeurs web pour tester leur logiciel à l'aide de moteurs de navigateur tiers sur iOS. Lors de la conférence, Apple a déclaré attendre des mises à jour sur ce point, mais n'a fourni aucun détail.
  • Pas de mise à jour sur les voyages de longue durée en dehors de l'UE : Apple n'a pas confirmé qu'elle ne désactiverait pas les mises à jour du navigateur (y compris les correctifs de sécurité) si un utilisateur de l'UE voyage en dehors de l'UE pendant plus de 30 jours. Loin d'être une mesure de sécurité, cette mesure diminue activement la sécurité des utilisateurs en les privant des mises à jour de sécurité.
  • Des conditions juridiques hostiles : Les conditions contractuelles imposées par Apple sont sévères, unilatérales et incompatibles avec l'exigence de la DMA selon laquelle les règles d'accès à l'API ne peuvent être que des mesures de sécurité strictement nécessaires et proportionnées.

Les motivations financières d'Apple

La résistance d'Apple à l'ouverture de son écosystème de navigateurs est largement attribuée à la protection de ses revenus. Safari, le navigateur par défaut d'Apple, est une source de profit considérable pour l'entreprise, générant des milliards de dollars par an, notamment grâce aux revenus des moteurs de recherche de Google. En limitant la concurrence des navigateurs tiers, Apple protège non seulement cette source de revenus lucrative, mais maintient également un contrôle strict sur les capacités des applications web. Ce contrôle empêche les applications web de rivaliser efficacement avec les applications natives distribuées via l'App Store, ce qui protège davantage le modèle économique d'Apple.

Sources : Open Web Advocacy, Direction générale des entreprises

Et vous ?

Apple a-t-elle réellement des raisons techniques légitimes d’imposer WebKit, ou s’agit-il d’un verrouillage stratégique déguisé ?

Peut-on encore parler d’innovation si un seul moteur de rendu contrôle l’ensemble des navigateurs iOS ?

Le prétexte de sécurité utilisé par Apple pour restreindre les moteurs concurrents est-il crédible ou abusif ?

La Commission européenne peut-elle se satisfaire d'une conformité purement formelle, sans effets concrets sur le marché ? Devrait-elle considérer les actions d'Apple comme une violation flagrante de la DMA, et si oui, quelles devraient être les prochaines étapes concrètes ?

Les régulateurs devraient-ils imposer des sanctions plus fermes face aux pratiques de contournement d’Apple ? Quels mécanismes la DMA doit-elle mettre en place pour anticiper et contrer les stratégies d'évitement des « contrôleurs d'accès » comme Apple, qui peuvent utiliser des « exigences techniques » comme prétexte ?

Que devraient faire les autorités qui ne sont pas dans l'UE (Royaume-Uni, Japon, États-Unis) pour garantir une réelle ouverture du web mobile ?
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Avatar de Fagus
Membre expert https://www.developpez.com
Le 16/07/2025 à 21:09
Il n'y a pas que les gains liés à l'utilisation de Google sur safari, il y a aussi l'implémentation minable des PWA par safari, dont l'implémentation correcte par un autre moteur permettrait de porter à peu près n'importe quelle application (sauf celles qui ont besoin des performances du code natif) sans passer par le store.
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