
Ce qui rend les opérations de réparation par les ateliers indépendants économiquement non viables
Apple a accepté de fournir des pièces aux ateliers de réparations indépendants pour la première fois en 2019. C’était dans le cadre du lancement du programme des réparateurs indépendants – une initiative destinée à aider les fournisseurs indépendants des USA à exploiter plus facilement les mêmes ressources que celles du réseau de fournisseurs de services agréés Apple. Ledit programme est toujours fonctionnel et c’est via ce dernier qu’Apple met pour la première fois des pièces de rechange à disposition réparateurs indépendants. Des rapports font néanmoins état de ce que la politique des prix est en opposition avec les objectifs affichés du programme : démocratiser les réparations d’appareils Apple.
Des rapports font état de ce qu'un nouveau port de charge pour un iPad Pro 11, une pièce qui tombe souvent en panne, coûte 250 dollars chez Apple. Les ports de charge, quant à eux, peuvent être trouvés à moins de 20 dollars.
Des retours de propriétaires d’ateliers indépendants font état de ce qu'un numériseur pour un iPad A16 coûte 200 dollars. Cette pièce peut être achetée auprès de fournisseurs tiers pour 50 dollars, et l'iPad A16 est vendu neuf par Apple pour 349 dollars.
Le parts-pairing fait partie des artifices informatiques dont Apple fait usage pour compliquer la tâche des réparateurs indépendants bien qu’animant un programme de réparation
L'une des méthodes qu'Apple utilise est le “parts-pairing”, qui consiste à équiper les pièces détachées d’une puce électronique qui enregistre un numéro de série unique. Ce numéro de série doit être apparié avec celui de l’appareil pour que la pièce fonctionne correctement. Ainsi, si un utilisateur ou un réparateur indépendant remplace une pièce défectueuse par une pièce compatible, mais non appariée, l’appareil peut refuser de démarrer, afficher un message d’erreur ou réduire ses performances.
Le but de cette pratique est de dissuader les utilisateurs de réparer eux-mêmes leurs appareils ou de les confier à des réparateurs tiers, qui peuvent proposer des services moins chers ou plus rapides que ceux du fabricant. Ainsi, Apple maintient son contrôle sur le marché des pièces détachées et incite les utilisateurs à acheter de nouveaux appareils plutôt qu’à réparer les anciens.
« Le parts-pairing est une connerie, et Apple est une racaille à cause du fait qu'il y a recours, mais ils ne sont pas les seuls [à le faire]. Le parts-pairing est au cœur de la connerie des fabricants d'imprimantes à jet d'encre, qui l'utilisent pour éliminer l'encre de tiers, afin de pouvoir facturer 9 600 $/gallon pour une encre qui coûte quelques centimes. Le parts-pairing est également monnaie courante dans le secteur des fauteuils roulants électriques, un secteur fortement monopolisé dont le comportement prédateur est incroyablement dépravé[...]
Lorsque Bill Clinton a signé la loi DMCA 1201 il y a 25 ans, il a chargé une arme à feu et l'a placée sur le manteau de la nation et maintenant c'est l'Acte III et nous sommes tous criblés de balles. Tout, des fours aux pompes à insuline, des thermostats aux ampoules, a utilisé le DMCA 1201 pour limiter les réparations, les modifications et les améliorations. Le Congrès doit nous débarrasser de ce fléau, pour nous permettre de retrouver tous les bénéfices de l’interopérabilité », commente un activiste.
L’Union européenne dispose d’une directive qui devrait protéger les consommateurs contre les pratiques d’Apple destinées à saboter le droit à la réparation
En vertu de ces dispositions légales, L'Union européenne exige des entreprises qui commercialisent des appareils électroniques et électroménagers qu'elles offrent une garantie minimale de deux ans. Cela concerne les smartphones, les téléviseurs, les lave-linge et les aspirateurs et autres écouteurs notamment. Mais les nouvelles règles imposent des exigences supplémentaires.
Voici les principales : Si un consommateur choisit de faire réparer son appareil sous garantie, celle-ci doit être prolongée d'un an. Les consommateurs peuvent également emprunter un appareil pendant que le leur est en réparation et, s'il ne peut être réparé, ils ont le droit d'opter pour un appareil remis à neuf. Lorsque la garantie d'un produit expire, les entreprises sont toujours tenues de réparer les appareils à un « prix raisonnable », afin de ne pas décourager intentionnellement les consommateurs de les réparer, les forçant quelque part à racheter un produit neuf. Il sera également interdit aux fabricants d'utiliser des « obstacles matériels ou logiciels à la réparation », y compris d'empêcher l'utilisation de pièces détachées d'occasion, compatibles et imprimées en 3D par des réparateurs indépendants, pour autant qu'elles soient conformes à la législation de l'UE. Enfin, les fabricants ne pourront pas refuser de réparer un produit uniquement pour des raisons économiques ou parce qu'il a déjà été réparé par quelqu'un d'autre. Les entreprises seront tenues de publier des informations sur leur service après-vente, y compris les prix indicatifs des réparations les plus courantes.
Apple, une fois de plus, sera touchée par cette directive, notamment en ce qui concerne son exigence controversée de couplage des pièces, qui empêche le remplacement de certains composants de l'appareil par des tiers. En effet, si une pièce de l'iPhone est remplacée par une pièce équivalente provenant d'un tiers non officiel, elle peut ne pas être reconnue par le logiciel système de l'iPhone. L'Union européenne veut mettre fin à cette pratique, mais ce n'est pas la seule région. Aux États-Unis par exemple, plus d'une vingtaine d'États travaillent à l'élaboration d'une législation sur le droit à la réparation afin de faciliter la vie des clients et prévenir les abus, tout comme l'obsolescence forcée.
Et vous ?


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