Le PDG d'Apple est clair : Apple n'est pas en situation de monopole. Pour le justifier, il s’appuie sur la part de marché de l’iPhone dans le monde, qui est loin d’être dominante. Le PDG indique que Samsung et Huawei, par exemple, sont plus avancés en termes de ventes d'appareils.
« Je pense que nous devrions être surveillés. Mais si vous regardez notre politique, quelle que soit la mesure prise, Apple détient-elle un monopole ou non ? Je ne pense pas que quiconque raisonnable puisse en venir à la conclusion que Apple détient un monopole », précisant que « Notre part est beaucoup plus modeste. Nous n’avons une position dominante sur aucun marché ».
Apple a pris du retard sur Samsung et Huawei en termes de part de marché mondiale pour les smartphones à partir du premier trimestre de 2019, selon l'International Data Corporation. Alors que l’iPhone semble omniprésent aux États-Unis, d’autres marques sont plus répandues à l’international.
Étant donné la part de marché relativement réduite d’Apple dans cet espace, Cook a déclaré: « Nous ne sommes pas en situation de monopole ».
Le monopole ne concerne pas la quantité d’iPhone vendus
Mais l'argument antitrust contre Apple ne repose pas sur ses ventes d'iPhone. Les partisans du démantèlement des grandes entreprises technologiques, parmi lesquels figure la candidate démocrate à la présidence, la sénatrice Elizabeth Warren du Massachusetts, affirment que des sociétés comme Apple ne devraient pas être en mesure de gérer des marchés et de vendre leurs propres produits.
La situation de Spotify
Les développeurs d'applications comme Spotify se sont plaints que Apple utilise son App Store pour limiter injustement ses concurrents à ses propres services.
Pour rappel, tout a commencé en 2016 lorsque, dans le combat pour contrôler le marché du streaming musical, une mise à jour de l’application Spotify sur iOS a été refusée. Spotify, sans évoquer explicitement les motifs de rejet, s’en est prise à Apple. Elle a accusé la firme de Tim Cook d’utiliser son processus de validation de l’App Store pour mettre en avant son propre service de streaming de musique. En guise de justification, Apple a expliqué que l’éditeur ne respecte pas les règles commerciales. En effet, Spotify ne proposait plus à ses utilisateurs la possibilité de s’inscrire à son offre premium depuis son application. Une décision qui ne plairait pas à beaucoup d’utilisateurs, mais qui permettait au service d’éviter de payer les 30 % de commission à Apple comme l’exigent les règles de l’App Store. Or, Spotify proposait de le faire en passant par son site officiel, ce qui serait contraire aux règles imposées par Apple, qui stipulent qu’un développeur doit proposer la possibilité de s’abonner depuis l’application si un tel abonnement pouvait être souscrit ailleurs.
La firme de Cupertino a estimé que les propos tenus par Spotify sont infondés et ne justifient guère son agacement. De plus, la firme a déclaré regretter le fait que Spotify a décidé de rendre l’affaire publique. Bruce Sewell, directeur juridique d’Apple, a envoyé un courrier pour clarifier la situation avec une certaine ironie : « Il ne fait aucun doute que Spotify a largement bénéficié de son association avec l’App Store. Depuis votre arrivée en 2009 sur l’App Store, la plateforme d’Apple vous a fourni 160 millions de téléchargements pour votre application, engendrant des centaines de millions de dollars de revenus incrémentiels pour Spotify. C’est pourquoi nous sommes troublés que vous demandiez à être exemptés des règles qui s’appliquent à tous les développeurs ».
Apple a souligné dans sa lettre que ses règles s’appliquent à tout le monde, dans le but de favoriser la compétition et non pas de la dissoudre. Les autres services concurrents de streaming de musique proposent leurs applications sur l’App Store et sont soumis aux mêmes conditions. Pour la firme, Spotify demande un traitement de faveur, elle voudrait profiter des avantages de l’écosystème mis en place par Apple sans suivre les règles et payer une compensation. Bruce Sewell a précisé les motifs du rejet de la mise à jour de l’application Spotify, à savoir l’impossibilité de s’abonner directement depuis l’application iOS et l’affichage d’une simple bannière d’information, une tentative « manifeste de contourner les règles d’achats in-App de l’App Store ». Enfin il a noté qu’il serait heureux de permettre et de faciliter la validation de la mise à jour de Spotify sur iOS, dès qu’elle sera conforme aux règles et réincorporera la fonction d’abonnement dans l’application.
Les possesseurs d’iPhone attaquent Apple
Récemment, la Cour suprême a statué contre Apple, affirmant que les consommateurs pourraient intenter une action en justice selon laquelle c’est à cause de la commission de 30% prélevé sur les ventes d’applications transitant sur sa vitrine de téléchargement que les développeurs et les entreprises sont obligés de faire répercuter sur eux le prix final.
D'autres développeurs poursuivent Apple
Des développeurs iOS ont lancé un recours collectif contre Apple, affirmant que l’éditeur d’iOS s’était accaparé le marché des applications iOS avec son App Store et s’est servi de son monopole pour mettre en œuvre des commissions et des frais « destructeurs de profits » pour les développeurs qui donnent vie aux produits Apple, selon les avocats de Hagens Berman.
Les développeurs ont déclaré qu'Apple maintenait depuis des années un monopole sur la vente et la distribution d'applications iOS et ont décidé de poursuivre l’éditeur devant un tribunal fédéral américain dans le but de mettre un terme à sa « monopolisation abusive de ce marché ». L’action en justice vise le statut d’action collective, de sorte qu’elle pourrait potentiellement représenter toute personne ayant déjà vendu une application iOS aux États-Unis.
Il ne fait aucun doute qu'Apple a un contrôle presque complet sur la distribution des applications iOS. À quelques exceptions près, toutes les applications doivent passer par l’App Store et toutes doivent se conformer aux règles d’Apple pour pouvoir accéder aux plateformes matérielles d’Apple. La question est de savoir si le fait qu’Apple maintient un tel contrôle constitue une situation de monopole illégal.
Les plaignants, les développeurs d'une application pour trouver des prénoms de bébés et d'une application d'entraînement en basket-ball, affirment qu'Apple « étouffe l'innovation », déprécient les achats réalisés avec et au sein d'applications iOS et limite le développement global en appliquant de telles règles strictes.
Déjà des retombées sur les actions des GAFA à l’annonce d’une menace
L’examen renouvelé d’Apple fait partie d’un objectif plus général des grandes autorités antitrust américaines. En effet, le gouvernement américain se prépare à enquêter pour savoir si Amazon, Apple, Facebook et Google font un usage abusif de leur énorme pouvoir de marché, pavant le chemin de ce qui pourrait être la plus grande enquête américaine sur des entreprises figurant parmi les plus importantes du monde.
La Federal Trade Commission et le ministère de la Justice, qui appliquent les lois antitrust aux États-Unis, se sont partagées l’examen de ces quatre sociétés : Amazon et Facebook étant sous la surveillance de la FTC, et Apple et Google sous celle du ministère de la Justice.
La FTC réfléchit déjà aux conséquences pour Facebook liées à son enquête visant à déterminer si l’entreprise avait enfreint un décret de consentement de 2011 sur la gestion des données des utilisateurs. Facebook a déclaré aux investisseurs que cette amende pourrait être comprise entre 3 et 5 milliards de dollars.
Source : CNBC
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