
l'entreprise s'explique
Apple affirme ne pas privilégier ses propres applications lors du classement des résultats de recherche sur l'App Store iOS, une affirmation qui est réfutée par les conclusions d'une enquête publiée par le Wall Street Journal. Selon cette enquête, les applications moins populaires d'Apple se classent souvent mieux que les logiciels mieux évalués de concurrents tiers. Le WSJ a constaté que les applications propres d’Apple occupaient la première place dans 60% des catégories d’applications sur l’App Store, y compris des catégories telles que les livres et les cartes, où les offres d’Apple étaient beaucoup moins populaires que les options de concurrents tels que Amazon et Google.
Par exemple, l’application Apple Books d’Apple, qui n’a pas de classement cinq étoiles ni de téléchargements disponibles publiquement, est répertoriée comme le premier résultat de la recherche de « livres » dans la version américaine de l’App Store (bien entendu le classement peut légèrement varier dans d'autres pays). Pourtant, Apple Books est classée comme la 168ème application la plus populaire en termes de téléchargement dans cette catégorie.
L'application Kindle d'Amazon, évaluée à une moyenne de 4,8 étoiles et évaluée par 1,2 million d’utilisateurs, est pourtant derrière Apple Books dans les résultats de recherche, se classant en seconde position avec la publicité d’une Feature App entre Apple Books et Kindle d’Amazon. Il en va de même pour Google Maps, où l’offre d’Apple est plus élevée dans les résultats de recherche que Google Maps et Waze, qui occupent respectivement les première et deuxième places de la catégorie. (Maps, comme Calendrier et Calculatrice, ne figurent pas parmi les applications de navigation car elles sont préchargées sur iOS).
En fait, Apple aurait jadis envisagé de supprimer de force toutes les applications avec moins de deux étoiles, mais Phillip Shoemaker, ancien responsable de la revue de l'App Store, a déclaré à WSJ que son équipe, qui avait proposé le retrait en 2015, avait appris que cette mesure allait s’appliquer également à l’application Podcasts d’Apple qui avait moins de deux étoiles à l'époque. De nombreuses applications d’Apple ne sont plus associées à des évaluations.
L'explication d'Apple
Apple a nié avoir manipulé ses classements de résultats de recherche dans des cas comme celui que les médias ont mis en évidence, affirmant qu'il utilise à la fois les correspondances de noms et les « données de comportement des utilisateurs », parmi des dizaines d'autres facteurs permettant de déterminer le classement des résultats. En fait, la société a déclaré au WSJ qu'elle prend en compte un total de 42 facteurs lors du classement des résultats de recherche, mais elle garde cet algorithme secret, prétendument pour empêcher la manipulation des résultats de recherche par des développeurs tiers.
« Les clients Apple ont un lien très fort avec nos produits et beaucoup d'entre eux utilisent la recherche pour trouver et ouvrir leurs applications », a déclaré Apple dans un communiqué. « Cette utilisation par les clients est la raison pour laquelle Apple a un bon classement dans les recherches, et c’est la même raison pour laquelle Uber, Microsoft et tant d’autres ont souvent des classements élevés ».
Apple semble affirmer que, puisque les utilisateurs utilisent la recherche iOS Spotlight pour localiser les applications qu'ils ont déjà téléchargées, ses propres applications avec des noms en corrélation sont optimisées. Donc, chercher Google Maps en se servant uniquement du mot clé « Maps » pourrait par inadvertance faire d'Apple Maps le résultat le mieux classé sur l'App Store, apparemment.
Apple en situation de monopole ?
Apple continue à se défendre contre les multiples accusations selon lesquelles la société aurait recours à des pratiques monopolistiques via son App Store. Juste après avoir présenté des nouveautés à la communauté des développeurs et à la presse lors de l’édition 2019 de la WWDC, Tim Cook a accordé une interview à CNBC pour présenter ses arguments.
Le PDG d'Apple est clair : Apple n'est pas en situation de monopole. Pour le justifier, il s’appuie sur la part de marché de l’iPhone dans le monde, qui est loin d’être dominante. Le PDG indique que Samsung et Huawei, par exemple, sont plus avancés en termes de ventes d'appareils.
« Je pense que nous devrions être surveillés. Mais si vous regardez notre politique, quelle que soit la mesure prise, Apple détient-elle un monopole ou non ? Je ne pense pas que quiconque raisonnable puisse en venir à la conclusion que Apple détient un monopole », précisant que « Notre part est beaucoup plus modeste. Nous n’avons une position dominante sur aucun marché ».
Mais l'argument antitrust contre Apple ne repose pas sur ses ventes d'iPhone. Les partisans du démantèlement des grandes entreprises technologiques, parmi lesquels figure la candidate démocrate à la présidence, la sénatrice Elizabeth Warren du Massachusetts, affirment que des sociétés comme Apple ne devraient pas être en mesure de gérer des marchés et de vendre leurs propres produits.
Les attaques en justice se multiplient
Les acheteurs
En mai, la Cour suprême a autorisé une action en justice antitrust contre Apple de se poursuivre et rejette l’argument d’Apple selon lequel les utilisateurs de l’iOS App Store ne sont pas vraiment ses clients. La Cour suprême a confirmé la décision de la Cour d’appel du neuvième circuit rendue dans l’affaire Apple v. Pepper, convenant dans une décision que les acheteurs d’applications Apple pourraient poursuivre la société en justice pour avoir prétendument fait monter les prix. « Les frontières qu’Apple dessine sont sans queue ni tête. Ce sont juste des jérémiades pour échapper à ce genre de poursuites », a écrit le juge Brett Kavanaugh.
Apple avait affirmé que les utilisateurs d’iOS achetaient techniquement des applications à des développeurs, alors que les développeurs eux-mêmes étaient des clients de l’App Store d’Apple. Selon une doctrine juridique antérieure connue sous le nom d’Illinois Brick, les « acheteurs indirects » d’un produit n’ont pas qualité pour agir dans des affaires antitrust. Mais dans cette décision, la Cour suprême a décidé que cette logique ne s’appliquait pas à Apple.
Pour rappel, le début de cette affaire remonte à 2011. Des propriétaires d’iPhone ont déposé une plainte contre Apple dans laquelle ils accusent la firme de Cupertino d’avoir « monopolisé et tenté de monopoliser le marché des applications pour iPhone ». Ces derniers prétendent qu’Apple a violé les règles antitrusts des États-Unis, en exigeant que les applications pour iPhone soient vendues à partir de l’App Store, et en interdisant aux développeurs de vendre leurs propres applications en dehors de sa boutique. Ils soutiennent encore qu’Apple dissuade les propriétaires d'iPhone de télécharger des applications non approuvées, menaçant d'annuler les garanties de l’iPhone s’ils le font. Ils déplorent également les 30 % prélevés par Apple sur les ventes des développeurs. D’après la plainte, ces mesures conduisent à l’augmentation des prix des applications et l’exclusion des concurrents.
Les développeurs
Début juin, des développeurs iOS ont lancé un recours collectif contre Apple, affirmant que l’éditeur d’iOS s’était accaparé le marché des applications iOS avec son App Store et s’est servi de son monopole pour mettre en œuvre des commissions et des frais « destructeurs de profits » pour les développeurs qui donnent vie aux produits Apple, selon les avocats de Hagens Berman.
Les développeurs ont déclaré qu'Apple maintenait depuis des années un monopole sur la vente et la distribution d'applications iOS et ont décidé de poursuivre l’éditeur devant un tribunal fédéral américain dans le but de mettre un terme à sa « monopolisation abusive de ce marché ». L’action en justice vise le statut d’action collective, de sorte qu’elle pourrait potentiellement représenter toute personne ayant déjà vendu une application iOS aux États-Unis.
Il ne fait aucun doute qu'Apple a un contrôle presque complet sur la distribution des applications iOS. À quelques exceptions près, toutes les applications doivent passer par l’App Store et toutes doivent se conformer aux règles d’Apple pour pouvoir accéder aux plateformes matérielles d’Apple. La question est de savoir si le fait qu’Apple maintient un tel contrôle constitue une situation de monopole illégal.
Les plaignants, les développeurs d'une application pour trouver des prénoms de bébés et d'une application d'entraînement en basket-ball, affirment qu'Apple « étouffe l'innovation », déprécient les achats réalisés avec et au sein d'applications iOS et limite le développement global en appliquant de telles règles strictes.
Spotify
En mai, le Financial Time a avancé que la Commission européenne prévoit de lancer une enquête sur la concurrence suite aux plaintes de Spotify qui affirme que l’éditeur d’iOS utiliserait sa position de gardien de l’App Store pour « désavantager délibérément d’autres développeurs d’applications ».
Dans une plainte déposée à la CE en mars, Spotify a déclaré qu'Apple avait « inclin...
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